Non, changer de président chaque cinq ans n’est en rien un signe de développement

Paul Kagame après son élection

Le président Rwandais Paul Kagame vient d’être réélu à la tête de son pays par un écrasant score de 98% des voix. Malheureusement, Cette réélection est remis en cause par certains qui la jugent non démocratique et traitent le président rwandais de dictateur. Cela serait compréhensible, quoi qu’inadmissible si ce genre de discours provenait uniquement des occidentaux. Mais non, beaucoup de ceux qui pensent ainsi sont africains. Cela suscite beaucoup d’interrogations d’autant plus que le Rwanda sous Paul Kagame a accompli de grandes avancées en matière de développement. Que cherchent donc les Africains ? Le développement ? La démocratie ? Qu’entendent-ils par ces termes ? En attendant de répondre à ces questions, faisons un bref bilan de Kagame à la tête du Rwanda, et essayons de voir si sa réélection pose un problème.

Héro de guerre 

D’abord rappelons que le Rwanda surnommé pays des mille collines a connu une guerre civile entre 1990 et 1993, qui a déclenché un génocide en 1994 ; génocide s’élevant selon l’ONU à un bilan de 800.000 morts. Le Rwanda était donc jusqu’à un passé récent un pays sinistré, dévasté par la guerre nécessitant une reconstruction. Considéré comme l’homme fort du Rwanda depuis 1994, Paul Kagame est aussi reconnu comme l’artisan de la reconstruction du pays.

Il a été élu à la tête du Rwanda pour la première fois le 17 Avril 2000 par référendum, réélu au suffrage universel direct à 95% des voix le 25 Août 2003, le 9 Août 2010 par 93% des voix, et enfin ce 5 Août 2017 par un score de 98% des voix. Notons que c’est une modification de la constitution en 2015 qui lui a permis de se représenter aux élections de 2017.


Kigali en 2012
Kigali en 2012

Quel bilan pour Kagamé ?

Son bilan à la tête du Rwanda est plus que satisfaisant. Beaucoup d’observateurs lui accordent le mérite d’avoir apporté la stabilité et la croissance économique au pays. L’efficacité de la lutte contre la corruption, y compris contre ses proches au Rwanda est reconnu au niveau international. Les réformes entreprises par Paul Kagame ont permis à son pays de finir en 2010 premier dans les réformes sur le pan mondial d’après le rapport de la banque mondiale «Doing Business 2010 », et de faire un bond fulgurant de 76 places au classement général en se hissant à la 67e place sur 183 pays évalués. En 2015, il est passé à la 3e place du continent africain. 

En 2012 le Rwanda affichait une remarquable croissance économique de 8%, l’une des meilleurs du continent.En Janvier 2016, le Rwanda se distinguait comme :
- 1er sur le plan mondial en termes de Progrès de Développement Humain, selon le dernier rapport des Etats Unis (14 décembre 2015)
- 7e pays le mieux géré de la planète, selon le dernier rapport sur la bonne gouvernance mondiale du « World Economic Forum

Les Rwandais bénéficient par ailleurs d’une sécurité sociale, un congé de maternité payé, d’Infrastructures médicales modernes, une lutte anti-corruption en constante progression, une sécurité absolue dans tout le pays, une propreté supérieure à la plupart des villes européennes, un réseau routier à plus de 90% asphalté et entretenu, un réseau Internet 4G et de la fibre optique etc.

Tout ça pour un pays qui vient de sortir d’une guerre et d’un sanglant génocide. Il surclasse tous les pays francophones d’Afrique à l’instar du Bénin qui n’a jamais connu de guerre et qui se dit démocratique avec une certaine alternance au pouvoir.

Hôtel des mille collines à Kigali
Hôtel des mille collines à Kigali


Des réalisations à ne pas prendre en compte par le peuple rwandais ?

Les Africains doivent apprendre à ne plus s’imaginer un système abstrait à suivre bêtement. Ils doivent adapter la démocratie à leur contexte, leur réalité socio-culturelle et économique. Ils doivent réajuster et mettre à jour la politique importée en l’adaptant à la politique traditionnelle locale. Il n’y a pas de culture absolue, ce qui est vrai dans une culture l’est à la limite de sa société de provenance. De même qu’on accepte qu’aux Etats-Unis le président puisse être élu sans avoir la majorité des voix (exemple de Bush et Trump) ; de même qu’on accepte qu’Angela Merkel soit chancelière en Allemagne depuis plus de 11 ans ; de même qu’on accepte qu’au Royaume-Uni il y ait une reine à vie, pour ne citer que ceux-là, On doit accepter que la démocratie de chaque pays africain soit adapter à sa culture, à ses réalités… On doit accepter la manière de penser de chaque peuple.

L’alternance n’est en rien un indice de développement. Le principal indice de développement sur lequel l’on puisse s’accorder est la satisfaction du peuple, et le peuple Rwandais l’est malgré l’absence de la fameuse alternance. A l’opposé du Rwanda, le Bénin est un exemple qui conforte ce fait. Au Bénin il y a la démocratie, mais pas le développement. En 2010 le Bénin affichait le plus bas taux de croissance économique en Afrique de l’ouest avec un score de 2,5%. Les rues de Cotonou la capitale économique du pays sont impraticables en saison de pluie, l’électricité reste un problèmes, les hôpitaux sont dans un état lamentable, bref le pays reste plus pauvre que jamais malgré sa démocratie.

Kagame face à la justice

A part le fait d’avoir passé plusieurs années à la tête du Rwanda, certains reprochent à Kagame d’être impliqué dans les Conflits en République Démocratique du Congo, et l’accusent d’assassinats politiques, notamment un attentat perpétré le 6 Avril contre le président Juvénal Habyarimana. Et bizarrement, les enquêtes judiciaires ont été entreprises en France et en Espagne. En 2014 les juges français ont décidé de mettre fin à l’instruction concernant l’attentat. L’enquête en Espagne s’est conclue par une annonce de poursuites contre 40 militaires rwandais dont 11 généraux pour « génocide, crime contre l’humanité et terrorisme » commis contre des ressortissants espagnoles. Le Président Kagame était épargné en raison de son statut de chef d’Etat en exercice. En 2015, le Tribunal suprême espagnol abandonne finalement les poursuites contre les 40 militaires. Mais avant, le commentaire de Paul Kagame sur cette situation où les Européens décident de la justice dans les pays africains explique bien les choses. Paul Kagame déclarait : « Imaginez l’arrogance que cela implique ! Comment un juge espagnol siège dans une ville ou un village en Espagne et voit qu’il est de son devoir de mettre en accusation la direction entière d’une Nation ».

Il est temps que les Occidentaux arrêtent de voir les Africains comme de gros bébés à qui il faut apprendre la vie, et de leur côté les Africains doivent arrêter de voir le monde à travers l’œil de l’occident. Le peuple rwandais a confiance en son président et le plébiscite à 98% de voix, c’est son choix et on doit le respecter comme on a respecté le choix des Américains ou des Français. Le peuple français n’est pas plus intelligent que le peuple américain pas plus que ce dernier ne l’est point plus que le peuple rwandais.

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