Le Bénin, ce pays où tout tourne autour du Président

Patrice Talon, le président béninois

Le Bénin est un pays laïc très religieux. Peut-être bien même plus religieux que vous pourriez l’imaginer. Terre du Vodoun avec ses nombreux dieux : Sêgbo Lissa, Hêviosso, Oro, Ifa et j’en passe, les dieux importés non plus n’ont pas eu de problème à se faire des adeptes, au point même d’être en position de supplanter les dieux endogènes. Mais parmi tous ces dieux, il y en a un qui se démarque de par le prestige dont il jouit. Un dieu tellement prestigieux que les Béninois ne peuvent passer une minute de discussion sans prononcer le nom : C’est le Président de la République.

Au Bénin, le Président de la République est idolâtré. Il est systématiquement désigné comme responsable de tous les malheurs et bonheurs de tout le monde. Ses vrais adorateurs ne laissent passer aucune occasion de prouver qu’il est le meilleur de tout, pendant que ses détracteurs guettent le moindre faux pas pour le cuire. Tous les esprits brillants et les plus grands analystes de la population béninoise lui réservent spécialement leurs plumes hyper prévisibles qui résonnent en fonction de leurs positions. Les adorateurs prennent pour point de repère les mauvaises actions de ses prédécesseurs, les détracteurs l’évaluent sur ce qu’ils avaient fait de mieux. Les opinions sont toutes faites. Pour les uns, on peut souvent assister à des discours du genre : « au temps de l’ancien Président on ne pouvait assister à une gestion aussi calamiteuse ! », tandis que les autres préfèrent les affirmations comme : « voici la preuve que les béninois ont fait le bon choix...», etc. C’est ainsi que sont faits les quotidiens des intellectuels béninois que le feu président Mathieu Kérékou avait traité non sans raison de tarés. On les rencontre le plus souvent sur les réseaux sociaux où ils passent leurs journées entre intoxications et désinformations.

Au sein de la population elle-même dans les zones les plus reculées et les plus défavorisées, il ne peut passer un jour sans qu’on ne mentionne le nom du Président. D’ailleurs dès qu’un président est élu, on associe son nom à un objet quelconque. Quand Boni Yayi avait été élu, dans les localités du centre du pays, les lampes torches étaient appelées « lampe Yayi Boni » ou tout simplement « Yayi Boni ». Quand on demande à la population pourquoi, ils répondent que c’est parce que ces lampes ont été mises sur le marché au même moment que l’élection du Président Yayi. Mais derrière cette réponse peut se cacher d’autres raisons quand on sait que c’est dans cette zone que Boni Yayi enregistre son plus grand score aux élections, puisque l’attribution que le Président Talon (moins apprécié dans la zone) s’est vu faite est moins sympa. « Le pénis de Talon », c’est ainsi que l’on désignait désormais une friandise très appréciée par les enfants de la localité à l’époque où Patrice Talon avait été élu.

Bref, les Béninois considèrent leur Président comme un superman avec un bâton magique qui n’a qu’à ordonner pour que leur situation change. Mais d’où leur vient cette manière de penser qui fait du président le centre de toute chose ? Du fait, que c’est la France qui a colonisé le pays ? Difficile de prouver que non, d’autant plus que la plupart ou même toutes les ex-colonies françaises sont dans la même situation. Dans ces pays il a toujours été question du président. Telle président n’a pas été élu démocratiquement, il faut le changer ; telle autre a été élu démocratiquement mais il n’est pas à la hauteur ; ou encore ce président a trop duré au pouvoir etc. C’est ainsi que ces pays passent leur temps entre coups d’État et rebellions sans pour autant que rien ne change. La France est sans doute le temple du culte du Président. Les Français, on peut le constater sur les réseaux sociaux, ne peuvent passer un jour sans soit se plaindre de leur président, soit venter ses mérites. Il est pourtant évident que ce système n’avance en rien quand on jette un regard sur ce qui se passe dans le système anglophone.

Le système francophone est extrêmement politisé et c’est là principalement son problème, contrairement aux anglophones qui mettent à l’avant la création de richesse et entrepreneuriat. Ce n’est pas sans raison que les plus riches de notre planète sont majoritairement anglophones.

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