L’étonnante histoire des hommes à queue qui ont vécu au Bénin

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Comme le mythe des géants qui auraient régné sur Terre il y a des milliers d’années, la légende des hommes à queue est très répandue au Bénin.

Décrits comme des hommes à queue, de petite taille au teint rouge, ces êtres appelés les Akpafus ou Alus seraient descendus du ciel selon certains, sortis de terre d’après d’autres ou venus de l’Est selon une troisième version.

La légende des hommes à queue 

Nous disposons à ce jour très peu de données sur le peuple Akpafu et le peu dont on dispose provient essentiellement de la littérature orale. C’est bien connu ! « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brule ». D’après les récits traditionnels donc, Les Akpafus sont un peuple de forgerons spécialisés dans la fabrication de houes. Il y a longtemps, très, très longtemps, ils vivaient en paix avec les autres peuples du Sud Bénin les Adjas, et vendaient leurs objets au marché comme tout le monde. Mais contrairement aux autres marchands, ils étaient les premiers à venir, les derniers à quitter et ne se levaient jamais de leurs sièges au marché. Il n’en fallait pas plus pour piquer la curiosité des ancêtres Adjas qui se demandait le secret que cachait ce peuple mystérieux. Les Alus vivaient à l’écart des autres et personne ne savaient vraiment où ils habitaient. Le bruit courait tout de même qu’ils vivaient sous terre. Pour satisfaire leur curiosité, les habitants de la localité décidèrent d’observer minutieusement les petits hommes rouges ; ce qui n’a pas tardé à porter des fruits puisqu’ils découvrirent là où siégeaient leurs camarades occupants, d’étranges petits trous. Un jour, alors que les Alus ne se doutaient de rien, ils se fient piéger. Les autochtones ont en effet élaboré un plan malicieux. La veille d’un jour de marché, ils ont versé de l’huile rouge dans les trous au-dessus desquels siégeaient les Alus. Le problème avec l’huile rouge, c’est qu’elle attire les fourmis. Au lever de soleil, les fourmis ont envahi les sièges des Alus. Désemparés et honteux, ils ont dû s’enfuir dans des tunnels souterrains. C’est ainsi que le secret des akpafus a été découvert et c’est depuis ce jours qu’ils ont disparu. 

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Les tunnels souterrains de Gounoudoudji 

S’étendant sur environs 20 km, et appelé site de Gounoudoudji ou site des hommes à queue, les tunnels souterrains de Gounoudoudji à Dogbo dans le département du Plateau au Bénin ont été découverts en 1998. Probable preuve de l’existence réelle des hommes à queue, des archéologues Danois et Français y travaillent depuis pour élucider le mystère de cette légendaire peuplade disparu. Pour le moment des vestiges ont été récupérés sur le site et analysés. D’après les experts, ces objets datent du IXème siècle avant notre ère. Le site fait partie désormais du patrimoine culturel béninois depuis le gouvernement du feu Mathieu Kérékou. L’actuel gouvernement désire en faire une attraction touristique, mais pour le moment seulement 1000 mètres du site ont été rendus fréquentable. Le gouvernement compte y remédier en mettant à disposition un fond dédié aux travaux d’aménagement du site. 

La grotte de Gounoudoudji
Les tunnels souterrains de Gounoudoudji


Travaux scientifiques sur les hommes à queue 

Le mythe des hommes à queue n’est pas propre au Bénin ! Bien au contraire, il est commun à toute l’Afrique et au continent asiatique. Et contrairement au manque de documentation sur la peuplade des hommes à queue du Bénin, les autres régions disposent d’une littérature considérable. Ils sont connus surtout sous le nom de Niam-Niam. L’existence de peuples d’hommes à queue est très controversée dans le monde scientifique. Pendant que certains auteurs plaident pour la possibilité de leur existence en attendant des preuves archéologiques pour étayer leur position, d’autres rejettent catégoriquement cette hypothèse. 

Illustration des Niams-Niams
Illustration des Niams-Niams

Félix Iroko et les hommes à queue en République du Bénin 

L’un des défenseurs de l’hypothèse de l’existence des hommes à queue est le professeur Félix Iroko. Né en 1946, Abiola Félix Iroko est un historien béninois originaire de Kétou. Titulaire d'un doctorat de lettres et de sciences humaines de l'université Paris Panthéon-Sorbonne, il est auteur de plusieurs ouvrages sur les civilisations d’Afrique de l'Ouest et l'esclavage en Afrique. Dans un article intitulé « Hommes à queue et traditions en république du bénin », Félix Iroko aborde les croyances et les récits traditionnels sur les hommes à appendice caudal au Bénin. Dans ce texte de 11 pages, il apporte plus de profondeur et de richesse aux connaissances qu’on dispose à ce jour sur les hommes à appendice caudal ayant vécu dans l’espace béninois actuel. La particularité et l’aspect le plus commun aux récits sur les hommes à queue est leur fréquentation des marchés. Ils auraient vécu presque dans toute l’étendue du territoire béninois du nord au sud. Ils auraient fréquenté le marché de Ouidah. Là-bas, on les décrit comme des hommes ayant une longue queue et un teint clair. Les traditions Ifè de la région de Nfaku disent d’eux qu’ils sont des hommes lourds, velus à la démarche nonchalante, mal assurés qui vivraient dans des grottes au sein d’une grande forêt. Dans le Mono, ils sont des fils de Hêviosso (dieu du tonnerre), descendus du ciel par des cordes après avoir été maudits par le dieu suprême à porter honteusement des queues pour leur indocilité. A Matery dans l’Atacora au nord du pays, des hommes à queue sont décrits comme des hommes bizarres qui auraient vécu dans des grottes à l’écart des habitations des hommes normaux sur le site montagneux de Nordi. Au Bénin donc, l’histoire des hommes à queue occupe une place importante dans la mémoire collective. 

La réfutation de l’existence des hommes à queue 

Les principaux arguments des opposants à l’hypothèse de l’existence des hommes à appendice caudal sont le manque de preuve archéologique et les incohérences des récits sur le sujet. Pour eux, l’existence de peuples d’hommes à appendice caudal n’est qu’un mythe. Pierre Tremaux par exemple assimile la fameuse queue à celle d’un animal que les noirs s’attacheraient à la taille en guise d’accoutrement, la laissant pendre par derrière. Bernard Heuvelmans quant à lui estime que les Européens ont dû étendre à toute une communauté d’hommes vivant sur le continent Africain, une anomalie somatique individuelle dont était atteint un esclave noir ramené d’Afrique. L’un des textes réfutant l’existence d’homme à queue est de l’Anthropologue français Sigismond Zaborowski. Dans son article intitulé « les hommes à queue » réfutant l’existence des hommes à appendice caudal, Zaborowski se base sur le caractère douteux et les incohérences du récit de M. d’Enjoy un colon français envoyé en Asie à Annam, l'actuel Vietnam. Il évoque par ailleurs les travaux d'un anatomiste du nom de Ecker qui sur observation de plusieurs centaines de fœtus et après avoir disséqué plusieurs autres fœtus de Chinois, Mulâtres, Hottentots et Noirs rapporte que pas une seule fois, la forme embryonnaire du coccyx, qui est celle d'un appendice pointu au 4ème mois, ne s'est maintenue réellement au-delà de la moitié de la vie fœtale. 

En attendant donc qu’on découvre un jour le squelette d’un homme à queue, les avis restent partagés. Mais on peut tout de même se faire une idée soi-même en confrontant les différents écrits sur le sujet ou en visitant les sites témoins comme les tunnels de Gounoudoudji au Bénin.

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