L'analyse structurale selon son Maître Claude Lévi-Strauss

Paru aux éditions Plon en 1958, Anthropologie structurale est une œuvre de Claude Lévi-Strauss dont Bernard Dantier a présenté un extrait en 2008: Structuralisme et méthodes recherche en sciences sociales : Claude Lévi-Strauss: Anthropologie structurale. Bernard Dantier, Docteur de l’école des hautes études en sciences sociales, Maître de conférences en science-po Paris, chargé de cours et de gestion de formation à l’institut supérieur de pédagogie-Faculté d’éducation de Paris a intitulé la deuxième partie de la présentation de l’extrait Morphologie sociale ou structures de groupe. Dans cet article, j'essayerai d’étudier cette deuxième partie.

La recherche structurale étudie les relations sociales à l’aide de modèles. Comment donc élaborer ces modèles ? Voilà en quelque sorte la question à laquelle Claude Lévi-Strauss tente de répondre dans ce texte. D’abord, retenons que c'est les modèles qui, s’ils parviennent à expliquer les réalités étudiées sont retenus définitivement sur le terme de "structure". Pour étudier les relations sociales, il faut faire appel à leur système de référence : le temps et l’espace d’un point de vue sociologique. En parlant de temps, Lévi-Strauss nous fait comprendre que l’ethnologue « doit se placer du point de vue de la recherche en cours ». En ce qui concerne l’espace, il propose de s’occuper moins à décrire les sociétés que d’élaborer des modèles permettant d’expliquer leurs structures et le mécanisme de leur fonctionnement.

On peut donc déduire que l’analyse structurale, du fait qu'il s’intéresse aux notions du temps et de l’espace, tient compte de l’histoire et de la géographie. Lévi-Strauss lui-même ne s’est pas retenu de le signaler et en à profiter pour tacler au passage les fonctionnalistes. Il écrit : « Loin de nous, l’idée que les considérations historiques et géographiques soient sans valeur pour les études structurales comme le croient encore ceux qui se disent " fonctionnalistes ". Un fonctionnaliste peut être tout le contraire d'un structuraliste, l'exemple de Malinowski est là pour nous en convaincre. » Voilà donc l’essentiel à comprendre. Dans la suite du texte, Lévi-Strauss a juste tâché d’argumenter le fait que l’ethnologue doit s’intéresser à l’histoire et la démographie.

Mais un autre problème théorique s’est soulevé : la notion de culture. Doit-on tenir compte ou pas de la notion de culture ? Pour le clarifier Lévi-Strauss cite Alfred Radcliffe-Brown et Robert Harry Lowie. Pour le premier, « l'idée de culture européenne est une abstraction, au même titre que celle de culture propre à telle ou telle tribu africaine ». Le second répond: « fausse querelle » et Lévi-Strauss lui-même se fait l’arbitre et commente : « Pas si fausse, cependant, puisque le débat renaît périodiquement ». Il se place donc au milieu mais penche pour les adeptes de la notion de culture et affirme que : « le terme de culture est employé pour regrouper un ensemble d’écarts significatifs dont l’expérience prouve que ces limites coïncident approximativement ». Il se défend sur fond du positivisme en citant le physicien Niels Bohr : « Les différences traditionnelles (de culture humaines) ressemblent à beaucoup d’égards aux manières différentes mais équivalentes selon lesquelles l’expérience peut être décrite ».

En gros, retenons que l’extrait dont est tiré Morphologie sociale ou structures de groupe est, pour reprendre les termes de Bernard Dantier lui-même, un panorama « structuraliste » que propose Claude Lévi-Strauss aux problématiques des résultats des recherches appliquées aux hommes et à leur société. On peut donc retenir que par structure sociale Lévi-Strauss désigne l’ensemble des modèles tenant compte des références du temps et de l’espace qu’on peut établir pour étudier les relations sociales. C’est pourquoi Bernard Dantier l'a intitulé Morphologie sociale ou structure de groupe.