Pourquoi l'enfant béninois va à l'école ?

Élèves en classe

L’école béninoise ne se porte pas bien, du moins, c’est ce qui se dit. En ces moments où les résultats des divers examens nationaux tombent, les critiques sont dures et n’épargnent ni gouvernement, ni enseignants, ni élèves…


Les élèves sont accusés de passer trop de temps devant les écrans. Accusation on ne peut plus douteuse, parce que si passer moins de temps devant les écrans rend l’enfant meilleur, alors pourquoi les enfants européens semblent meilleurs et plus épanouis que les nôtres ? Ils avaient déjà les yeux fixés sur les écrans bien avant les nôtres (Nous reviendrons une prochaine fois sur ce sujet). Parlons plutôt aujourd’hui de l’APC. 


L’APC (Approche Par Compétence) communément appelée « nouveau programme » est l’une des causes désignées de l’échec du système éducatif béninois. Les Nouveaux Programmes d’Etude ont été introduites et mise en œuvre au lendemain des états généraux de l’éducation organisés en 1990. Quel était le but de ce programme ? Quel genre de citoyen était-il censé former ? 

Il importe de connaître le but du nouveau programme car toute société adopte un système éducatif en fonction du type d’individu qu’elle veut former. Les buts de l’éducation ont donc varié de ce fait, dans le temps et dans l’espace d’une société à une autre ; et une organisation sociale harmonieuse exige que le type du citoyen formé réponde aux exigences de la société de son époque. Si l’on se réfère à l’histoire, on s’aperçoit que le but de l’éducation a toujours varié. Par exemple, dans la Grèce antique, elle consistait à former des esprits délicats, avisés, subtiles, épris de mesure et d’harmonie, capables de s’évader et de contempler le beau absolu. A Rome, on voulait avant tout que les enfants deviennent des hommes d’action passionnés par la gloire militaire, indifférents à ce qui relève des lettres et des arts. Au moyen âge, l’éducation était avant tout chrétienne, avant de prendre à la renaissance un caractère plus laïc et littéraire. 

Par ailleurs, la complexité même du terme « éducation » fait que son but peut varier d’un individu à un autre. La question divise même les plus grands penseurs de l’éducation. C’est ainsi que le but de l’éducation chez Kant diffère de celui de Durkheim, celui de Durkheim diffère de Stuart Mill, ainsi de suite. 

La question du « but » montre ainsi toute son importance puisqu’elle soulève un problème jusque-là négligé par les acteurs du système éducatif béninois. Si le but que se fixe le gouvernement n’est pas en adéquation avec les attentes de la société, il n’y aura pas de satisfaction. Si ce but est en adéquation mais qu’il n’est pas atteint, il y aura des grognements. Si le but varie considérablement entre les acteurs eux-mêmes, c’est-à-dire par exemple si les parents ne sont pas tous d’accord sur un seul objectif : si tels parents veulent que leurs enfants sachent seulement bien lire et écrire, alors que tels autres préfèrent plutôt que les leurs soient entreprenants, créatifs, il y aura conflit. 

L’Approche Par Compétence, comme l’entend son nom est un mouvement de rapprochement permettant à toute personne compétente dans une spécialité de faire valoir sa compétence. L’objectif était de former des « êtres multidimensionnels capables de s’adapter et aptes à intégrer la vie sociale,… l’élève devient l’acteur principal de sa formation et la tâche de l’enseignant est celle d’un guide, l’enseignant n’est donc pas le seul détenteur du savoir ». Les élèves étaient censés acquérir un ensemble d’attitudes, de savoir-faire et de connaissances leur permettant de résoudre des problèmes liés à diverses situations, se faisant des compétences ouvertes et adaptatives afin de faire face aux enjeux sociaux du monde contemporain. 

La question qu’on devrait se poser aujourd’hui donc est si l’enfant béninois formé dans l’APC répond aux caractéristiques sus-citées. Si oui, alors, l’opinion publique s’indigne parce qu’elle ne veut pas de ce genre de citoyen. Si non, l’opinion s’indigne parce que les objectifs de l’APC ne sont pas atteints. Dans ce deuxième cas, on devra se demander pourquoi. 

Quoi qu’il en soit, ce qu’il conviendrait de faire serait de procéder à une nouvelle réforme du système en tenant compte à la fois des enjeux de notre époque, des attentes des parents, des moyens dont dispose l’Etat, etc. Pour ce faire, on pourrait d’abord par exemple procéder à un sondage d’opinion et repenser ensuite le contenu des curriculums…

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