Patrice Talon, la honte de tout un peuple

Des chars en patrouille dans les rue de Cotonou et Porto-Novo

Pour la première fois de l’histoire du Bénin, Internet a été coupé pendant un processus électoral. La preuve ultime que Patrice Talon, le président démocratiquement élu n’a aucun respect ni pour la démocratie ni pour le peuple béninois envers lequel il n’a manifesté que dédain et mépris depuis son avènement au pouvoir.


Un peuple qu’il trouve tellement incompétent au point de le déclarer devant les caméras et en face du monde entier. « Le Bénin est un désert de compétence », avait-il déclaré aux côtés de l’ex président français François Hollande. Plus grave encore, devant un groupe de syndicats, Patrice Talon en faisant référence aux Béninois a lâché : « vous allez souffrir, mais vous ne pouvez rien faire ». Des manques de tact dont il ne s’est jamais excusé. Les premiers signes du dévoilement au grand jour du vrai visage d’un président imbu de lui-même, qui n’a aucune estime pour son peuple, et aucune considération pour quelque opinion autre que la sienne.

A lire :  Au Bénin, le président Patrice Talon n'a que du mépris pour son peuple

En trois ans de gouvernance, Patrice Talon s’est attelé à instaurer un régime totalitaire en procédant par ce que ses opposants appellent « la politique de ruse et de rage ». Arrestations arbitraires, intimidations, achat de conscience, manigances au sommet de l’Etat, théâtralisations, instrumentalisation des institutions…, celui dont les partisans ont surnommé « Agbon-non » (le puissant en langue fon) n’hésite pas à changer les règles pour parvenir à ses fins en piétinant au passage la constitution de 1990 et la démocratie béninoise si chèrement acquise. Le président de la Cour Constitutionnel Joseph Djogbenou entretemps Garde des sceaux est l’avocat personnel du chef de l’Etat. C’est avec lui et leurs collaborateurs que Patrice Talon décide de ce qui est bon ou pas pour le peuple béninois, peu importe l’avis de ce dernier.

Ensemble, ils ont inventé une pièce qui empêchera plus tard l’opposition de participer aux élections législatives. Par des artifices dont ils détiennent le secret, ils ont réussi à modifier la loi électorale en faisant voter leurs amendements par les députés il y a quelque mois, dans des circonstances assez particulières. Patrice Talon maitrise bien son sujet ! Pour rappel, c’est depuis les années 90 qu’il est impliqué dans la vie politique béninoise dont il a énormément tiré profit, il le reconnait lui-même et prétend vouloir réparer ses erreurs. Mais entre les paroles et les actes, le gouffre est énorme.

Il a donc écarté l’opposition des élections législatives et seulement son parti y participe. Sur le papier deux partis sont présentes mais en principe, il ne s’agit que du seul et unique parti de la mouvance qui a dû se diviser en deux, puisque les candidats étaient trop nombreux. Imaginez qu’en France, Emmanuel Macron par quelques tours, réussisse à écarter tous les autres partis français d’une élection législative et ne fasse participer que son parti LREM en le divisant en deux : LREM1 et LREM2, ou que Donald Trump fasse de même en écartant le Parti Démocrate et constitue : Les Républicains 1 et Les Républicains 2 ! Impossible et impensable n’est-ce-pas ? Eh bien, c’est ce que Patrice Talon a réussi à faire au Bénin et qu’il appelle démocratie.

Dernièrement, les sages et les têtes couronnées l’ont exhorté à suspendre le processus électoral afin de faire participer l’opposition, mais comme à son habitude il s’est contenté d’insulter l’intelligence de ces gens et du peuple béninois. Il prétend qu’en s’octroyant ce pouvoir, ses successeurs pourraient l’utiliser à mauvais escient. Ainsi donc, Patrice Talon prétend montrer le bon exemple en n’osant pas prendre une décision susceptible de consolider la paix et la démocratie, mais paradoxalement, déploie des chars et des soldats lourdement armés dans les rues, et coupe l’accès à Internet. Le bon exemple hein ! Les réelles intentions du président Talon sont obscures, mais une chose est sûre, n’eût été la maturité du peuple béninois et l’humanité de ses adversaires, le Bénin aurait déjà basculé dans une violence sans précédent ! Par ses actes et ses paroles qui ne suscitent que frustrations et défiance, Patrice Talon ne montre aucun signe d’attache ni à la paix, ni aux principes démocratiques.

La gestion du secteur des télécoms, est un parfait exemple qui dévoile la supercherie Talon. Il a prétendu vouloir rendre l’accès à Internet plus facile, promouvoir le numérique, mais c’est l’inverse qu’il a fait depuis son accession au pouvoir. D’abord il a renvoyé l’opérateur Glo Mobile en envoyant ainsi des milliers de gens au chômage, ensuite il a éliminé toute concurrence entre les deux opérateurs restants, il a taxé la communication et l’accès à internet. Les deux réseaux GSM ne proposent désormais plus que des offres identiques sans aucune possibilité d’innovation. Dans ses vidéos de propagande il miroite un Bénin connecté, tout beau, mais ce n’est que de la poudre aux yeux ! La réalité est bien décevante. Ce faisant, le gouvernement Talon veut faire d’une pierre deux coups : Restreindre la liberté d’expression et la liberté de presse, et remplir les poches de ses collaborateurs. D’ailleurs à ce jour, il est difficile de savoir ce que gagnent exactement les ministres du président Talon. Romuald Wadagni, le ministre des finances justifie même cette mesure de restriction d’accès aux services de communication : « vous faites des transferts d’images WhatsApp qui critiquent le gouvernement, […] libre à vous, mais vous allez en payer le prix ! ».

A lire :  Au Bénin, le gouvernement et les opérateurs GSM veulent restreindre l'accès à Internet

Ce n’est pas pour rien que le dernier rapport de Reporters Sans Frontières sur la liberté de presse rétrograde le Bénin à la 96ème position. Le Bénin est tombé bien bas sous Talon. C’est sous sa gouvernance que tout est devenu cher, le train de vie a baissé, le pouvoir d’achat aussi, la pauvreté a grimpé et le taux de chômage déplorable. Parce qu’il ne crée pas d’emplois, ne revalorise pas les salaires, mais taxe tout et rien. Visiblement Patrice Talon ne semble pas vouloir redonner vie à l’économie béninoise, il se contente de la taxer…

Trois ans après son élection, Patrice Talon s’est avéré le cauchemar du peuple béninois. Il est devenu exactement ce qu’il avait promis ne pas être : un dirigeant atteint du syndrome du gouverneur d’une contrée sauvage, d’une République bananière. Monsieur le gouverneur, vous vouliez entrer dans l’histoire ? Bravo ! Vous êtes le président qui a coupé Internet et déployé des chars et des soldats pour intimider son peuple dans une période électorale. La honte de tout un peuple !


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