Au Bénin, le président Patrice Talon n'a que du mépris pour son peuple

Patrice Talon, le président béninois

Il y a deux ans, le peuple béninois élisait l'homme d'affaires Patrice Talon à la tête du pays. La performance de Talon lors de son face-à-face avec son adversaire le Franco-béninois Lionel Zinsou n'y était pas pour rien. Nous avons tous été séduit, tellement il affichait une certaine maîtrise du pays et une envie farouche de changer les choses, du moins, c'est l'impression qu'il donnait. Lionel Zinsou quand à lui était dépassé, et confirmait la lucidité du peuple béninois qui se demandait comment un individu qui a passé toute sa vie en France peut du jour au lendemain devenir le messie d’un pays dont il ne sait pas grand-chose. Imaginez l’humiliation que cela impliquerait ! Quelle chance a Rama Yade d’être élue présidente de France ? Encore qu'elle autre vit en France ! Vous pouvez imaginer la satisfaction du Peuple béninois quand Patrice Talon accusait Lionel Zinson de contribuer à faire du Bénin « Une République bananière, devenue la risée du monde », ou encore quand il lui lançait en pleine figure devant le monde entier « Vous êtes français, vous avez le syndrome du gouverneur dans une contrée sauvage ».

La désillusion 

Mais hélas ! Cette hargne avec laquelle le Président Talon a défendu la dignité du peuple béninois n’aura duré que le temps du débat télévisé. Elle s’est volatilisée juste après. Quelques jours plus tard, aux côtés du Président Français François Hollande, Patrice Talon traitait déjà le Bénin de « désert de compétence ». Et c’est depuis ce jour que Talon avait commencé à montrer aux yeux du monde entier ce qu’il pense vraiment du peuple béninois. Ce jour-là, Le Patrice Talon qui avait séduit tout le Bénin a complètement disparu. Il était méconnaissable. Le patrice Talon intraitable et sûr de lui que nous avons tous admiré face à Lionel Zinsou a laissé place à un Président complexé, tout excité de se tenir aux côtés d’un président Français. Après avoir insulté l’intelligentsia de tout un peuple, il avait jugé bon de quémander auprès du président français de la compétence pour développer un pays de bons à rien que sont selon lui les Béninois.

Quelques mois plus tard, dans une prestation aussi ridicule que la précédente, Patrice Talon s’est humilié et avec lui tout le peuple béninois, devant un autre président français. Aux côtés d’Emmanuel Macron, Patrice Talon a livré une telle piètre prestation que les Béninois se sont sentis honnis. « Talon a un gros problème de conception de sa parole. » a regretté Adenifuja Boladji, avant de poursuivre : « On a le sentiment qu’en dehors de ses milliards, sa tête est vide. On dirait qu’il part sans inspiration ni plan. Il ouvre la bouche, lâche quelques expressions empressées puis échoue dans une impasse idiote et y tourne en rond.». Pourtant ce qu’attendaient les Béninois et le peuple africain en général c’était que le Président béninois réclame avec fermeté, La restitution des biens culturels africains pillés par la France. Mais non, Talon ne semblait pas vraiment préoccupé par ce point. Étalant au grand jour une nouvelle fois son complexe d’infériorité, Patrice Talon se hâtait de quémander une visite de Macron au Bénin. Près d’un an donc après avoir traité son pays de désert de compétence, Talon cultive toujours cette admiration maladive envers la France au point de supplier son président en face des caméras, de lui rendre visite. C’est donc que dans la tête de Patrice Talon, le salut du Bénin viendra d’Europe.

La nomination qui fait mal

Le 5 Avril dernier, Patrice Talon nomma à la tête du port autonome de Cotonou, considéré comme le poumon de l’économie béninoise, un inconnu belge du nom de Christiaan de Block. Ce faisant, il donne tort aux Béninois de l’avoir choisir à la tête du pays, car c’est exactement l’humiliation qu’ils refusaient en le préférant à Zinsou, un inconnu venu d’Europe en messie. Le président Talon pense donc vraiment que le Bénin est un désert de compétence. Dans sa tête, les Béninois sont de parfaits incapables. Quand Macron déclarait que l’Afrique a besoin d’être civilisée, Talon était donc d’accord ! En plein 21ème siècle, Talon va chercher le civilisateur pour le peuple béninois.

Le Belge Christiaan de Block face à ses sujets.
Le Belge Christiaan de Block face à ses sujets.

Le mépris des travailleurs 

Dans la tête de Talon, aller chercher de la compétence en Europe est une concession qu’il faut faire pour le développement du pays, car le Bénin est déserte de compétences. Mais les compétences se forment à l’école. Pourtant, depuis trois mois, les écoles, les collèges et les universités du Bénin sont fermés, et cela dans l’indifférence totale du président qui a l’air de ne pas se soucier des pauvres enfants qui ne demandent qu’à étudier. Les enseignants sont en grève. Patrice Talon est prêt à nommer un Belge à la tête du Port de Cotonou, mais ne croit pas nécessaire de faire des concessions pour l’éducation béninoise. Non seulement c’est du deux poids deux mesures, mais il s’agit aussi d’un paradoxe qui trahit la conscience du président. Les enseignants réclament entre autre une revalorisation salariale. Ils se plaignent de leurs conditions de travail qui laissent à désirer, mais Talon et son gouvernement ne veulent rien entendre. Cela devrait pourtant préoccuper le président Talon qui se plaint du manque de personnels compétents au Bénin. Comment peut-on former des compétents dans de désastreuses conditions de travail ? 

Le CEG Titirou à Parakou. Voilà à quoi ressemble depuis deux mois les collèges béninois. Parfois les élèves viennent errer en vain espérant trouver un enseignant.
Le CEG Titirou à Parakou. Voilà à quoi ressemble depuis deux mois les collèges béninois. Parfois les élèves viennent errer en vain espérant trouver un enseignant.

A côté du CEG, l’école primaire Titirou tout aussi vide en pleine année scolaire.
A côté du CEG, l’école primaire Titirou tout aussi vide en pleine année scolaire.

Face aux négociations proposées par les syndicats en vue d’une sortie de crise, le gouvernement Talon oppose menaces et sommations. Mais les travailleurs ne veulent pas aussi céder pendant que les ministres s’engraissent. Ils ne comprennent pas comment ils pourraient continuer avec leurs salaires dérisoires pendant que les Ministres et préfets de Talon se taillent la part du lion. Certains ministres gagneraient jusqu’à 16 millions de Francs CFA par mois. Le gouvernement dément évidemment les chiffres, mais est incapable de déclarer les vrais salaires à la demande de la Cour Constitutionnelle. Tout simplement de l’hypocrisie !

Des décisions qui martyrisent le peuple

Jusque-là, les décisions du gouvernement Talon on fait plus de mal que du bien au peuple béninois. D’abord il s’en est pris aux petits commerces pour « libération d’espaces publics ». Les pauvres commerçants ont été chassés de leurs lieux de travail. Sans dédommagement, leurs boutiques ont été détruites. Ensuite les Etudiants ont été pris pour cible. L’accès aux bourses et secours a été supprimé pour la majorité. Certains travailleurs ont essuyé une tentative de suppression de leur droit de grève. Et maintenant c’est la menace d’une année blanche qui plane sur l’école béninoise.

Sous prétexte de lutte contre la corruption et l’impunité, une véritable chasse aux sorcières est orchestrée. Les indésirables sont traqués comme jamais. Le plus souvent, ce sont les anciens de l’administration Yayi qui sont interpelés. Ce qui est curieux, c’est qu’aucun des proches collaborateurs du gouvernement n’a jamais été mis en cause alors qu’ils comptent dans leurs rangs plusieurs anciens du régime Yayi. C’est comme si miraculeusement, ses gens deviennent saints dès qu’ils rejoignent l’administration Talon. 

Deux ans après son élection Talon n’a fait que martyriser le peuple béninois qu’il prend pour des cancres. Au mépris de tout un peuple, son intérêt et son égo passent avant tout. Il prétend vouloir le bonheur des citoyens et se fout de l’éducation de leurs enfants. C’est dire à quel point les réelles intentions de Patrice Talon sont obscures. Lui qui veut entrer dans l’histoire du Bénin, devrait pourtant faire attention à ne pas y entrer de la pire des manières.

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