Yayi-Talon, les bases d’une démocratie bipartite à l’image des Démocrates-Républicains aux Etats-Unis et PS-LR en France ?

Depuis un certain moment, le paysage politique béninois semble se diviser en deux camps opposés l’un à l’autre. D’un côté l’ancien président Boni Yayi et ses alliés, et de l’autre l’actuel président Patrice Talon et les siens. La formation récemment d’une coalition politique d’opposition au régime Talon avec à sa tête Boni Yayi vient renforcer ce schéma. Ce qui nous pousse à suggérer pour les réformes des partis politiques au Bénin, la mise en place, en partant de cette configuration, d’une institution politique bipartisane à l’image des grandes démocraties.

Une panoplie de partis politiques

Depuis les indépendances de 1960 et après la chute du régime autocratique du feu Mathieu Kérékou, les Béninois ont vu se multiplier les partis politiques au Bénin. Profitant du pluralisme intégral adopté à la conférence des forces vives de la Nation, les Béninois n’hésitent pas à créer des partis dès qu’ils en ont l’occasion ou simplement s’ils en ont envie. Du coup, on en vient à une prolifération inquiétante des partis politiques. On compte à ce jour plus de 260 partis sur l’étendue du territoire béninois. C’est donc à juste titre que le Chef de l’Etat actuel a inclus dans son programme la réforme du système partisan béninois. Pour cela et dans le but de donner un nouveau souffle à la démocratie béninoise, l’Assemblée nationale a organisé du 15 au 16 février 2017 à Cotonou un séminaire parlementaire sur la réforme du système partisan avec l’appui technique et financier du PNUD et la Fondation Hanns Seidel.

Des circonstances propices

Et si pour cette réforme, les parlementaires tiennent compte de l’aspect dichotomique de la scène politique béninoise actuelle pour instaurer un système bipartite gauche-droite ? L’état des choses actuellement tendent à rendre possible un tel arrangement. Au-delà de l’entassement en deux camps des grands partis politiques, les idéologies des deux rassemblements à travers leurs têtes d’affiche semblent s’opposer exactement comme les modèles américains et français.

Compilation des logos des Démocrates, Républicains, PS et LR

Boni Yayi le socialiste

Boni Yayi est sans nul doute un socialiste. La plupart de ses actions durant ses 10 ans de gouvernance le prouvent. Les termes souvent employés par l’ancien président sont : « prospérité partagée », « justice sociale », « égalité sociale »… Tout au long de son règne, Yayi s’est beaucoup impliqué dans des réalisations sociales. Le microcrédit aux plus pauvres, le Régime Assurance Maladie Universelle (RAMU), la césarienne gratuite pour les femmes, etc. On ne peut pas dire non plus que sa nouvelle coalition est loin de partager ce socialisme. Ils dénoncent par exemple « Les licenciements massifs des travailleurs des secteurs structurés ainsi que des destructions des moyens et conditions d’existence des petites gens et des couches populaires complètement fragilisées et affamées. ».

Patrice Talon le libéral

Patrice Talon quant à lui semble avoir l’âme d’un capitaliste. Depuis son élection, il mise sur le partenariat « public-privés ». Il dit tout faire pour rendre l’atmosphère propice au monde des affaires, quoi que dans les actes il semble n’avantager que lui et son clan. On le lui reproche même ainsi que sa politique de « privatisation sauvage » des secteurs vitaux de l’économie nationale. Le gouvernement Talon ne va pas hésiter à sacrifier le plus grand nombre au profit du plus petit. Un exemple palpable est le cas de la réforme des critères d’attribution des allocations universitaires qui a engendré depuis quelques semaines, une révolte des Etudiants béninois.

Bref, en partant donc du décor actuel de l’échiquier politique béninois, le Bénin peut une nouvelle fois encore réalisé une avancée politique d’envergure à l’instar de la conférence des forces vives de la nation qui fut un exemple suivi pas nombre de pays frères de la sous-région.