Aller en retraite à 30 ans, la nouvelle tendance chez les jeunes Américains

Early retirement, une capture d'écran du Loup de wall street

Aux États-Unis, le « Early retirement » bat son plein. Ce nouveaux mouvement qui a fait son apparition au sein de la jeunesse américaine au milieu des années 2000, cherche à rendre possible la retraite dès l’âge de 30 ans.

Aux Etats-Unis, cela n’est plus nouveaux, de plus en plus de jeunes prennent leur retraite à l’âge de 30 ans. La démarche consiste à faire tout ce qui est possible afin de trouver les moyens de mettre de l’argent de côté pour sortir définitivement du monde de travail jeune. Le mouvement prône donc l’indépendance financière pour une retraite anticipée.

Pour y arriver, les jeunes américains épargnent au maximum, quitte à ne manger que du riz tous les soirs, pour autant qu’ils ne seront plus " esclave " d’un travail. Pour s’assurer qu’ils ne manquent pas d’argent, ils investissent leur argent notamment dans l’immobilier et en bourse. Cela leur permettra d’avoir des revenus récurrents.

Les succès qui montrent l’exemple

Si des traders dont l’Australien Greg Coffy surnommé le " magicien d’Oz " parti en retraite en 2012 à l’âge de 41 ans après avoir amassé une fortune de 640 millions de dollars, ou le Texan John Arnold parti la même année à 38 ans fortuné de 3,5 milliards de dollars ont montré que cela est possible, c’est à d’autres jeunes Américains plus modestes que le Early retirement doit son déclenchement et sa popularité. Au pays de l’oncle Sam, Mr Money Mustache, Mr Tako et JW Brooks (The Green Swan), pour ne citer que ceux-là, suscitent l’admiration. Après avoir réussi à réaliser leur rêve dès la trentaine, les jeunes retraités et pères de familles ont ensuite lancé des blogs où ils prodiguent des conseils à de milliers d’autres jeunes internautes aux Etats-Unis et partout dans le monde des conseils pour suivre leur exemple. 

Mr Money Mustache

Mr Money Mustache
Mr Money Mustache

Peter Adeney est son vrai nom, et il est Canadien. Retraité depuis 2005 alors qu’il n’avait que 30 ans, il a migré depuis aux Etats-Unis dans une petite ville de l’Etat du Colorado où il vit désormais avec sa femme et son unique fils. Peter Adeney et sa femme tous deux ingénieurs n’ont travaillé que durant 9 ans avant d’aller en retraite. Depuis leur indépendance financière, Peter Adeney est devenu une vedette du web grâce à son blog Mr Money Mustache qui affiche des statistiques ahurissantes. Chaque mois, Mr Money Mustache attire plus de 700 000 visiteurs. Désormais connu sous le pseudo de Mr Moneys Mustache, Peter Adeney prodigue des conseils pour ceux qui veulent tenter l’aventure du  Early retirement.

Il explique que pour réussir, sa principale stratégie lui et sa femme avait été de dépenser moins de 50 % de leurs revenus durant leurs neuf années de travail. Contrairement à nombre d’étudiants en Amérique du nord, Mr Money Mustache ne s’est pas endetté durant ses études. Il a pris soin d’éviter cela en menant une vie modeste, en bénéficiant de bourses d’étude et grâce à l’aide de ses parent qui l’ont financé à hauteur de 10.000 dollars. Mr Money Mustache n’a pas de voiture, il n’en conduit pas. Il explique que chaque année, un ménage perd 30 000 dollars pour l’entretien de leur voiture. C’est pour cela qu’il se rendait toujours au travail à vélo. Peter Adeney explique qu’il a acheté sa première maison en piteux état, qu’il l’a ensuite rénové lui-même pour le louer après, se créant ainsi une source de revenue permanente. Il s’est alors acheté plus tard une nouvelle maison plus luxueuse à 200 000 dollars. Mr Money Mustache Mustache ne fréquente pas les restaurants, il n’achète pas les plats tous faits comme les pizzas. Il prépare lui-même ses repas à la maison en famille.

En gros, il a mené une vie austère en épargnant beaucoup. « Sur les neuf années de notre vie active, explique-t-il, ma femme et moi gagnions chacun en moyenne 63.000 dollars (34.650.000 Fcfa). ». Durant les neuf années, leurs dépenses n’excédaient pas 36.000 dollars (19.800.000 Fcfa) par an. Après donc quelques années de dur labeur et de frugalité, Peter mène aujourd’hui une vie paisible financièrement indépendante avec sa famille, et il compte transmettre ce mode de vie à son fils qui d’ailleurs est déjà sur la bonne voie d’après lui : « A l’âge de 7 ans, il est clairement en train de devenir un bon disciple. Il va à l’école en bicyclette, même quand il fait -6 dégré C dehors. Il préfère construire ses jouets avec moi dans l’atelier que les acheter directement en magasin, car il n’est que très peu exposé aux publicités. Sa tirelire se remplit ainsi à la vitesse grand V. », affirmait-il au Washington Post en 2013.

Mr Tako

Comme Mr Money Mustache, Mr Tako père de famille également a pris sa retraite jeune. Mr Tako n’aime pas le conformisme. Pour lui, les normes empêchent de se réaliser pleinement dans la vie. « Au-delà des besoins primaires en nourriture, logement et sécurité, explique-t-il, les hommes ont besoin d’avoir des amis, d’être connus par leurs pairs. Afin d’y parvenir, la plupart des individus se conforment à des normes sociales et à des pressions que la société leur impose. Cela leur permet de s’intégrer dans un groupe social et de trouver une place dans la machine capitaliste. » Mr Tako observe cela avec un peu de dédain, parce que estime-t-il, « Si la plupart sont heureux de cet arrangement, ces normes empêchent de réaliser autre chose. » 

C’est pourquoi dès l’âge de 20 ans, il a tout planifié pour sortir du système en obtenant son indépendance financière le plus vite possible. Pour y arriver, Mr tako explique avoir travaillé dur jour après jour et surtout pris les bonnes décisions financières. Dès qu’il a commencé à travailler, il a élaboré son plan de retraite anticipée. Au cours de sa carrière, son plus haut salaire était un peu moins de 100.000 dollars (55.000.000 Fcfa) par an. Et comme Mr Money Mustache, il s’est aussi arrangé pour épargner au moins la moitié de ce qu’il gagnait. Cela ne lui a pourtant pas empêché de s’offrir des vacances avec sa famille en Australie, au Japon, et au Mexique. En 2015, ils sont parvenus lui et son épouse à mettre de côté plus de 2 millions de dollars. Ils sont désormais en retraite en menant avec leurs deux enfants, une vie de famille épanouie. 

JW Brooks, The Green Swan

« Work harder, work smater », voilà le crédo de JW Brooks, le jeune retraité auteur du blog The Green Swan où il prodigue ses conseils à l'instar de ses pairs. Comme Mr Money Mustache et Mr Tako, The Green Swan s’est appliqué à épargner au moins la moitié de ce qu’il gagne et ce dès ses premiers sous gagnés. « Alors qu’en moyenne les gens économisent à hauteur de 5% aux Etats-Unis, confie-t-il, j’ai réussi à mettre de côté 50% de mon salaire pendant 10 ans. ». Comme tous les autres retraités précoces, The Green Swan explique avoir travaillé dur pour y arriver : « A l’époque, je m’étais dit que si je pouvais finir parmi les premiers de ma classe, je devrais être capable d’avoir un salaire plus important que la plupart… J’ai sacrifié beaucoup de mon temps personnel… et régulièrement travaillé entre 60 et 70h par semaine. C’est un sacrifice qui vaut le coup pour moi et ma famille. », explique JW Brooks.

Il a aussi mené une vie frugale. Par exemple, il ne se coiffe pas chez le coiffeur, sa femme s’en charge à la maison. Mais bien que JW ne dépense pas son argent n’importe comment, il ne se prive pas de petits plaisirs ! Loin de mener une vie de misérable, The Green Swan mène bien au contraire une vie dont rêvent la plupart de jeunes Américains. Télévision grand écran, maison de 3.000 m2, et vacances de luxe, JW Brooks fait bien rêver. « Non. Je me sépare des choses qui n’ont pas d’importance, mais je suis décidé à dépenser mon argent durement gagné pour celle que je chéris, -après avoir trouvé le meilleur deal possible, bien entendu… », proclame-t-il.

Un luxe que ne peut se permettre un jeune Africain ?

C’est le cas de le dire, les jeunes Africains auraient du mal à mener ce genre de vie et cela pour bien des raisons ! D’abord faudra-t-il résoudre le problème du chômage ! Combien de jeunes en âge de travailler sont aujourd’hui au chômage dans les pays africains ?

Des salaires de misère

Après le problème le chômage vient celui de la paie. Dans bien de pays africains, non seulement les travailleurs sont payés en monnaie de singe, mais pire encore, les salaires ne sont pas versés à temps. Au Bénin par exemple, il est possible que le payement accuse jusqu’à trois mois de retard. Toujours au Bénin, le jeune travailleur lambda gagnerait autour de 50.000 Fcfa (91 dollars) par mois, ce qui équivaut à environ 1092 dollars par an. Devant les 100.000 $/an de JW Brooks, ce ne sont que des miettes ! Le smig béninois est fixé à 40.000 Fcfa, soit environ 72,72 dollars. Comment un père de famille dans ces conditions peut espérer une retraite anticipée ? Non, non, il n'a pas encore fini de survivre.

Une société non préparée

Après le problème de la paie, vient celui du social. Les sociétés africaines sont-elles prêtes à accepter voir un homme de 30 ans, père de famille sans travail, vivant paisiblement ? Comment un tel homme serait vu dans les rues de Cotonou, Abidjan, Douala, Libreville, Lomé, etc. ? On chercherait sûrement à percer son secret, parce qu’une telle vie est impossible. S’il n’a pas un fétiche à la maison, il devrait l’avoir dans une secte. Ou s’il ne fait pas appel à des forces occultes, il devrait faire partir d’un gang de voleurs opérant les nuits.

Mais tout ça ne seraient que des opinions des autres. Le dernier des soucis des jeunes Africains, qui devront d’abord pouvoir se trouver un travail convenable et bien payé pour espérer un jour s’essayer au Early retirement.

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